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2017 : Evolution de la plaisance dans les ports

Le Havre : la plaisance, une activité en pleine mutation

Publié 16/07/2017 21:20

 

 

Pour Julien Lebas, maître de port au Havre, les ports se distingueront par la qualité des équipements et des services offerts.

 

Nautisme. Entre crise économique et passion qui faiblit, la sociologie du plaisancier a évolué ces dernières années. Avec 1 290 places, le port du Havre n’échappe pas à la tendance, mais ses équipements font la différence.

 

Maître de port au Havre depuis 2011, Julien Lebas est sans aucun doute le mieux placé pour mesurer l’évolution du monde de la plaisance.

Entre crise économique et passion qui s’érode, le panorama des ports s’est profondément transformé.

Les listes d’attente pour obtenir une place (un frein à l’achat d’un bateau) ont pratiquement disparu, sauf pour quelques catégories.

 

La plaisance est un monde en pleine évolution

« Nous comptons 1 100 places dans les deux anses du port principal et 190 dans Port Vauban.

 

Ce dernier bassin est occupé à 75 %. Malgré une redevance réduite de 40 %, le bassin en entrée de ville ne parvient pas à séduire les Havrais attachés au port historique en prise directe avec le large.

 

En revanche, les Parisiens et les étrangers (Belges, Néerlandais) qui viennent occasionnellement pour naviguer y trouvent leur compte.

 

» Le port principal est occupé à 100 %. « Il n’y a pas de liste d’attente pour les bateaux de moins de 10 mètres.

À partir de cette taille, il faut patienter six mois pour obtenir un anneau.

Le délai peut passer à un an et demi pour un 12-13 mètres.

Ce constat est lié à la configuration des ports qui, comme nous, privilégient les petites places, mais aussi aux achats des plaisanciers.

Après avoir pris de l’assurance, un 11 mètres est souvent la dernière acquisition.

Bateaux à moteur

Le manque de renouvellement provoque un goulet d’étranglement.

» Julien Lebas enregistre entre 160 et 200 résiliations par an.

Ce sont essentiellement les petites unités qui sont concernées.

« Nous enregistrons un turn-over important sur ces unités.

Le plaisancier avec un bateau de 6 mètres commence à naviguer en mettant à l’eau à la cale.

C’est un peu pénible, cela demande une logistique, il faut une voiture adaptée.

Alors il décide de prendre un anneau.

D’abord au trimestre l’été, puis à l’année. Cela lui coûte environ 1 000 €.

Mais finalement, il s’aperçoit que les sorties sont limitées et que d’autres contraintes d’entretien interviennent, comme l’antifouling.

Alors, soit il repasse par la cale de mise à l’eau, soit, si l’essai est concluant, il achète un bateau plus grand. »

Bateaux à voile

Pour la voile, un autre phénomène est observé.

Après avoir fait ses premières armes, le plaisancier acquiert un bateau plus grand au bout d’une dizaine d’années.

Les enfants sont en âge de naviguer

Mais les sorties en famille s’estompent.

Les enfants tournent le dos à la passion.

Malgré tout, le bateau est conservé.

« Les propriétaires sont âgés de 70 à 75 ans.

Physiquement, cela devient plus dur, les bateaux naviguent de moins en moins, mais les souvenirs sont là.

Le côté affectif prend le dessus.

Le bateau sert à partager des repas avec les amis. »

Moyenne de sortie des bateaux

En moyenne, un bateau sort sept jours par an.

Au Havre, le nombre de navigations est plus élevé.

« Les bateaux à moteur, à cause du coût du carburant et de l’entretien mécanique avec la peur de casser, sont les plus immobilisés.

La population des ‘’ voileux ‘’ plus amarinés et plus motivés sort davantage.

Les pêcheurs aussi sont assidus.

Mais il n’empêche que la population vieillit.

La génération des 30-40 ans est aujourd’hui rarement propriétaire de son bateau.

Ubérisation

Nous constatons une ubérisation de la plaisance qui se traduit par de la location ou de l’adhésion en club de voile sportive.

Les jeunes ont conscience des contraintes. L’assurance, les connaissances à acquérir, le temps et le budget consacrés sont autant d’éléments qui font peur.

Aujourd’hui, on consomme de la plaisance comme n’importe quel loisir. » Cette forme de désintérêt pour la plaisance risque à terme d’avoir des répercussions sur les ports.

Devenir des ports

Il y a peut-être un nouveau modèle économique à inventer. « Au sein de notre fédération, nous avons engagé des discussions autour de cette population vieillissante, les nouvelles pratiques et usages des plaisanciers, la taille des bateaux.

Nous devons réfléchir au port de demain.

Doit-on revoir notre stratégie, ne serait-ce qu’en termes de positionnement sur la taille des places ? »

Cette prise de conscience intervient alors que Le Havre occupe encore une position privilégiée.

Des places se libèrent un peu partout.

Avant, le plaisancier portait son choix par rapport à la disponibilité ; maintenant il décide de son port d’attache. À quelques exceptions près, comme Granville qui reste toujours très prisée grâce à son terrain de jeu privilégié en face des îles Chausey et des Anglos.

Dans cette redistribution des rôles, Le Havre, face à ses concurrents directs, joue la carte de la qualité des équipements et de l’accès nautique, à savoir sans contrainte de marée et de tirant d’eau. Mais pour Julien Lebas, ces atouts ne suffiront pas. « Le port du futur est peut-être celui qui offrira dans la prestation un service clé en main, englobant toutes les contraintes dont la nouvelle génération souhaite s’affranchir ». Afin de ne vivre sa passion que pour le plaisir.

 



17/07/2017
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